Diane (Anne Dorval), une veuve monoparentale hérite de la garde de son fils (Antoine-Olivier Pilon), un adolescent TDAH impulsif et violent. Au cœur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla (Suzanne Clément), enseignante en sabbatique. Ensemble, ils retrouvent une forme d’équilibre et d’espoir.
Mommy, le plus récent film de Xavier Dolan est simplement son meilleur à ce jour. Ce n’est pas rien lorsqu’on pense à ses autres œuvres (J’ai tué ma mère, Les amours imaginaires…). Ce n’est pas pour rien qu’il reçoit enfin une première nomination pour la palme d’or à Cannes et récipiendaire du Prix du jury. Sans oublier qu’il a été choisi pour représenter le Canada dans la course aux Oscars. Je suis convaincu, d’ailleurs, qu’il sera des cinq finalistes.
La première chose qui frappe en regardant Mommy, c’est le format de l’image. Alors que les films sont de plus en plus présentés dans des formats larges, Dolan ose présenter son long métrage en format carré. J’avais peur de trouver cela dérangeant, mais finalement on ne le remarque presque pas. Il est important, aussi, de noter que le format utilisé par le réalisateur ne sert pas uniquement à déconcerter le cinéphile. On comprend plus tard que la « boîte » donne un effet d’emprisonnement. Emprisonnement des personnages dans leurs difficultés et leurs vies complexes. Cette contrainte donne aussi la sensation d’étouffement, semblable à celle que ressentent les personnages.
Pour Diane, on parle de la difficulté de joindre les deux bouts, ainsi que celle d’aider son fils. Pour Steve, c’est la difficulté de vivre. Alors que pour Kyla, c’est la difficulté de recommencer à s’exprimer, après, ce qu’on peut imaginer, une dépression.
Certaines scènes sont particulièrement puissantes. Je pense au moment où Steve chante Vivo per lei dans un bar, ou lorsque Kyla explose après que Steve l’ait poussée à bout.
Une fois encore, Xavier Dolan aborde le thème des relations mère-fils. Un sujet qui semble lui tenir à cœur. Tout comme les personnages de garçons marginaux. Antoine-Olivier Pilon offre une performance solide dans la peau de ce jeune homme en mal de vivre. Anne Dorval est simplement époustouflante en mère désabusée. Et que dire de Suzanne Clément, l’autre muse de Dolan, qui offre une performance subtile dans un rôle qui aurait facilement pu tomber dans le cliché.
Peut-on parler de chef-d’œuvre? Peut-être… Une chose est sûre, Il sera difficile pour Dolan de faire mieux. Quoique le jeune réalisateur ne cesse de surprendre par son talent et sa vision. Avec Mommy, il nous offre un film fort, poignant et déconcertant.
Note : 9.5/10
© 2023 Le petit septième
Je n’ai pas voulu lire ta critique avant de voir le film, car je voulais me faire ma propre idée. Je suis d’accord que c’est le meilleur film de Dolan à ce jour. Ce qui m’a beaucoup intéressé pour ma part c’est la représentation du TDAH dans le film, car mon fils est atteint de cette maladie. Je l’avais trouvé parfois réaliste, parfois moins sur e point. Mais j’ai lu aujourd’hui un article qui m’a aidé à y voir plus clair sur la représentation des troubles de comportements montrés dans le film. Les spécialistes y disent que l’on voit davantage des troubles oppositionnels avec provocation (TOP) que des symptômes de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Je t’invite à le lire, ça ne gâche pas du tout le souvenir du film! http://www.pourquoidocteur.fr/-Mommy—-des-psys-decryptent-la-souffrance-d-un-ado-8181.html
Un article effectivement très intéressant qui explique bien la différence entre ces différents “troubles”. Cela montre bien qu’un film doit rester un film.