Dans Boyhood, on suit le jeune Mason (Ellar Coltrane) de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur, Samantha (Lorelei Linklater), et sa mère (Patricia Arquette), qui est séparée du père des enfants (Ethan Hawke). Nous sont présentés les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et qui le préparent à devenir adulte…
Malgré ce synopsis assez simple, Boyhood est un film qui n’a rien d’ordinaire. Pourquoi? Parce que le réalisateur américain Richard Linklater (Avant minuit tout est possible) a réuni, chaque année, durant 12 ans, les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe.
Remarqué au dernier Festival Sundance, puis récipiendaire de l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale 2014, le film de Linklater a été présenté en première dans le cadre du festival international de films Fantasia, le samedi 19 juillet.
Dans Boyhood, on est amené à voir les acteurs vieillir au fil du film et, de ce fait, des années. C’est la première fois que nous avons l’opportunité de voir ce genre de film. Pour ce long métrage, au concept novateur, Richard Linklater réunissait chaque année, pendant quelques jours, les différents protagonistes, dans la ville d’Austin au Texas. Pour réussir à convaincre une maison de production, Linklater a créé, plutôt qu’un scénario traditionnel, une sorte de plan, ou « blueprint ». C’est de cette façon qu’il a réussi à convaincre IFC Films de le supporter pendant plus de 10 ans pour ce projet improbable dans un monde qui préconise les résultats rapides (le tournage moyen ne dure que quelques semaines).
Une fois le producteur trouvé, le réalisateur a dû trouver des acteurs. Les acteurs et l’équipe de production se réunissaient trois ou quatre jours par an pour tourner de façon intense. L’écriture et le montage se faisaient au fur et à mesure. Ce genre de tournage a demandé aux acteurs un engagement hors-norme. Pour eux, cela signifiait une dure gestion d’horaire. D’un point de vue logistique, il fallait réussir à céduler les tournages annuels sans nuire aux autres opportunités de tournages. Une chose est sûre, il n’y avait aucun précédent dans le monde du cinéma. Imaginez, un contrat de 12 ans…
Mais c’est pour le jeune Coltrane que le tournage représentait le plus grand défi. N’ayant que six ans au début du tournage, cela signifiait avoir une enfance particulière. Et, pour Linklater, le risque était grand. Il fallait s’assurer que le jeune garçon qu’il choisirait aurait encore le désir d’être acteur douze ans plus tard. Le même défi se présentait pour la jeune fille (jouée par la fille du réalisateur). D’ailleurs, à quelques reprises, Lorelei a demandé à son père de faire mourir son personnage. Mais, finalement, il a réussi à la convaincre de continuer.
En ce qui concerne le film en tant que tel, le réalisateur travaille son thème favori, soit le temps qui passe. C’est d’ailleurs ce même thème qu’il a travaillé dans sa « Before Series ». Les trois films (Before Sunrise, Before Sunset et Before Midnight) montrent un couple à trois étapes de sa vie. Deux de ces films (avec Ethan Hawke) ont d’ailleurs été tournés sur la même période que Boyhood.
Alors si l’évolution de la vie de famille, de couple ou des enfants est un thème qui vous intéresse, vous devez voir ce long métrage. Le film de Richard Linklater est un moment important du cinéma de par la façon dont il a été tourné. Boyhood, une œuvre qui marquera l’histoire du cinéma.
Note : 8/10
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