En solitaire de Christophe Offenstein, qui a coscénarisé le film avec le producteur Jean Cottin, a pris l’affiche au Québec le 18 avril dernier. Un film d’aventure plus que de dialogues, ce qui est moins commun dans le répertoire français d’aujourd’hui. Yann Kermadec (François Cluzet) voit son rêve se réaliser quand il remplace au pied levé son ami Franck Drevil, au départ du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire. Habité par une farouche volonté de gagner, alors qu’il est en pleine course, la découverte à son bord d’un jeune passager (Samy Seghir) va tout remettre en cause.
Tout d’abord, il me faut préciser ce qu’est la course Vendée Globe, qui se déroule tous les 4 ans. Un tour du monde en voilier en solitaire sans escalade et sans assistance, qui dure 80 jours. Il faut savoir gérer son sommeil puisque personne ne contrôle plus le voilier pendant ce temps. Vous rencontrez des tempêtes, des vagues immenses. Mais quelle folie! La dernière course de Vendée Globe débutait en novembre 2012. Le 27 février 2013, sur France Inter, le chroniqueur radio Marcel Rufo commentait l’aventure : « Ces navigateurs doivent lutter contre le sommeil, sont toujours à l’affût. Un sursaut anxieux les réveille au moindre changement d’allure du bateau. Et puis il y a la durée, 80 jours, c’est une course qui dure, c’est loin de l’effet kleenex, des émotions répétitives, “un match est passé, vite la prochaine journée”. Ces navigateurs sont les dignes descendants des explorateurs des siècles passés, de Cook, de Bougainville, de La Pérouse. »
En solitaire n’a pas été tourné en studio mais bien sur la mer. Ils étaient alors 18 personnes (équipe de tournage et acteurs) sur une embarcation conçue pour une course en solitaire. Il devenait alors difficile de « tricher », ne pouvant contrôler la météo ou commander les vagues. Pour le côté spectaculaire de l’océan déchaîné, le film vaut la peine d’être vu sur grand écran. Le réalisateur confiait en entrevue que le voilier utilisé n’avait pas été aménagé pour le tournage. Il s’agissait d’un bateau qui avait déjà pris part à une course Vendée Globe. Et toutes les images dans le voilier ont été tournées caméra à l’épaule, ce qui permettait de suivre les mouvements du bateau. François Cluzet prenait d’ailleurs son rôle à cœur, malgré quelques craintes : « J’ai cru une ou deux fois que j’allais passer par dessus bord. Normalement, le skipper doit mettre un gilet de sûreté. Mais dans la réalité, il le porte rarement. Donc je n’en portais pas pour ne pas avoir l’air d’un touriste et je traversais le bateau avec la hantise de passer par-dessus bord. » L’acteur s’est d’ailleurs plongé dans des livres sur la voile et a passé quelques journées en mer avant le début du tournage avec un pro de la voile, Armel Le Cléac’h.
La quasi-totalité des scènes du film se passe ainsi en mer. Yann et son passager clandestin doivent apprendre à cohabiter. Mais si Yann le garde à bord, il sera disqualifié… il devra faire des choix. Il me faut aussi signaler la participation de Karine Vanasse, qui incarnait une skipper londonienne. Eh oui, c’est une Québécoise qui jouait une Anglaise. Mais elle a fait une bonne performance. Et elle a osé se jeter dans une eau glacée assez agitée. On peut dire qu’elle prenait son rôle au sérieux.
En solitaire est une aventure humaine incroyable. Un film à voir par tous les amateurs de voile, mais aussi par ceux à l’esprit compétitif.
Note : 7,5/10
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