Film d’ouverture des Rendez-vous du cinéma québécois, Miraculum, réalisé par Podz sur un scénario de Gabriel Sabourin (qui avait co-écrit Amsterdam, 2013), porte à réfléchir. Dans une unité de soins palliatifs, une infirmière (Marilyn Castonguay), en couple avec un électricien (Xavier Dolan) témoin de Jéhovah comme elle, se lie d’amitié avec le rescapé d’un accident d’avion. Un couple illégitime dans la soixantaine – lui, barman (Julien Poulin); elle, préposée au vestiaire (Louise Turcot) – entrevoit la possibilité d’enfin être heureux. Un autre couple (Robin Aubert et Anne Dorval), sans enfant et plutôt rangé, doit faire face aux désillusions et aux doutes. Et un homme (Gabriel Sabourin) tente, avec acharnement, de réparer l’irréparable. On circule ainsi de tableau en tableau, témoin des désillusions des personnages, de ces gens dont les vies s’entrecroisent fort habilement.
Au début du film, on sait qu’un avion s’est écrasé et que cet accident a fait de nombreuses victimes. La chronologie n’étant pas clairement déterminée, on ne sait pas quels personnages auront pris place dans l’appareil. Ce n’est qu’à la fin que tout s’éclairera. La fin du film ne le rend pas plus léger. Et l’absence de musique, durant la première partie du générique, n’allège rien.
Le film tout entier est construit autour de l’idée du risque et de la confrontation de ses peurs. Prendre un risque, le risque au nom de sa religion : jusqu’où doit-on risquer sa vie et celle des autres pour le salut de son âme; au nom de l’amour : devrait-on tout risquer pour vivre le grand amour, et ce, même si on craint le rejet; au nom de l’appât du gain : peut-on laisser le sentiment de pouvoir associé au jeu et aux drogues prendre le contrôle de notre vie? Autant de situations où les personnages ont des tendances autodestructrices. Est-on en mesure de contrôler et de raisonner nos peurs? À la question : Peur de l’avion? Le barman ne pourra que répondre avec bonhomie : Juste terrorisé. Saura-t-il braver sa terreur?
La question des croyances religieuses est aussi très importante. De fervents croyants de la parole de Jéhovah sont confrontés à de grandes décisions. Est-ce possible d’accepter la mort sans réagir de peur de compromettre sa place au paradis? Quand ses propres convictions sont mises à rudes épreuves, peut-on continuer de croire en un Dieu qui nous paraît si injuste? Quand les avions tombent du ciel et que les gens qu’on aime sont en danger, peut-on continuer à espérer un salut? Autrement, le personnage de Gabriel Sabourin nous montre l’étendue de sa détermination pour se racheter et témoigner son amour…
Pour ceux qui se préparent à prendre l’avion pour un séjour à Cuba pour la relâche, il serait peut-être préférable d’écouter Miraculum à votre retour…
Note : 8/10
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