Le premier long métrage de Mohamed Hamidi, Né quelque part (2013), une coproduction France-Algérie, est disponible en location depuis quelques jours. Le film a fait partie de la Sélection officielle au Festival de Cannes 2013. Le réalisateur français d’origine algérienne s’est inspiré de son expérience personnelle comme point de départ pour écrire le scénario, se demandant ce qu’aurait été sa vie s’il avait grandi là-bas. Farid (Tewfik Jallab), un jeune Français d’origine algérienne de 26 ans, part en Algérie pour s’opposer à la démolition de la maison de son père. N’y étant jamais allé, il découvre le pays, rencontre sa famille élargie, dont son cousin (Jamel Debbouze) qui lui fera découvrir le village et rencontrer ses amis. Mais la situation se complique lorsque ses papiers lui sont dérobés…
On découvre la culture et les traditions algériennes à travers le regard d’un Français qui ne connaît de ce pays que ce que ses parents lui en ont dit. Et il ne parle que très peu l’arabe, mais le comprend parfaitement. Plusieurs Algériens rencontrés par Farid nourrissent le rêve d’aller s’établir en France. Ils éprouvent de l’envie et de la frustration envers ce pays qui leur donne l’espoir d’un avenir meilleur, mais pour lequel il est très difficile d’obtenir un visa, souvent même impossible. Cette situation mène certains jeunes hommes à entrer illégalement en France, partant de nuit dans de petites embarcations. Situation précaire qui rappelle le film franco-sénégalais La Pirogue (2012), réalisé par Moussa Touré. Une tentative désespérée pour changer de vie qui se solde souvent par un retour au point de départ. Le cousin de Farid lui avoue que c’est son père (l’oncle de Farid) qui devait partir pour la France pendant la guerre, mais qu’il a fait le choix de rester et que son frère a pris sa place. Si ce n’avait été de cette hésitation de son oncle, c’est Farid qui serait né en Algérie et son cousin, en France. Leur vie à tous les deux aurait été bien différente.
Ses papiers volés, Farid ne peut rentrer chez lui. Il profite donc de son séjour forcé pour en apprendre sur ses origines, en suivant les traces de son père. Il ira voir la maison où celui-ci est né et en sera ébranlé. Un voyage initiatique qui peut s’apparenter à celui des jumeaux dans Incendies (2010) de Denis Villeneuve, quoique dans ce dernier film on creuse beaucoup plus en ce sens.
Cette comédie dramatique fait tout de même sourire. Les technologies sont très peu développées dans le petit village d’Algérie où réside Farid. On remarque un grand retard à ce niveau en comparaison à la France. Le réseau sans fil n’étant pas accessible, Farid doit utiliser le seul téléphone disponible, accroché à un poteau sur la terrasse du café. Quand sa petite amie lui téléphonera, tous les autres clients écouteront attentivement sa conversation à laquelle il mettra fin rapidement. Un des clients lui explique alors, dans un éclat de rire général, que le mot et la notion d’intimité n’existent pas en arabe.
Né quelque part est un bon film qui nous rappelle que notre lieu de naissance est souvent déterminant de notre avenir. Et que, pour bien connaître quelqu’un, il est intéressant de savoir d’où il vient.
Note : 7/10
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