Changez (Riz Ahmed), un jeune Américain d’origine pakistanaise, est à la conquête du rêve américain et tente de devenir un homme important dans le monde de la finance de Wall Street. Après les événements du 11 septembre 2001, il se retrouve avec un conflit interne. Pris entre son rêve américain et la réalité du xénophobisme d’après 9/11, il se retrouve coincé dans une crise raciale. Quelques années plus tard, alors qu’il vit au Pakistan, il rencontre Bobby (Liev Schreiber), un journaliste qui tente de faire libérer un otage américain. C’est sous ce fond de crise que The Reluctant Fundamentalist traite de la situation de l’extrémisme religieux versus l’attitude des Américains. Mira Nair nous offre un film qui présente un point de vue intéressant sur la situation actuelle.
Dès le générique, The Reluctant Fundamentalist est captivant. La chanson qui habille la présentation des personnages (et des artisans ayant créé cette œuvre) nous remplit d’une émotion certaine. Le rythme et le texte en arabe nous font rapidement comprendre que nous sommes dans une réalité qui risque de nous dépayser. Pour compléter le portrait, une fois l’intro musicale terminée, on se retrouve dans un petit bar au fond du Pakistan. C’est là que Changez, avec sa barbe de « terroriste », nous est présenté. A priori, rien ne nous le rend sympathique. Ce sentiment est probablement causé par notre raisonnement de Nord-Américain, habitué d’avoir des blancs chrétiens ou athées comme héros de films. Il est donc, nous croirons, un méchant. Puis, on se retrouve 10 ans auparavant, alors que Changez se lance à la poursuite du rêve américain. Il se retrouve dans une firme de finance, apprécié de son patron, car il est vraiment bon avec les chiffres. Tout va pour le mieux, jusqu’au jour où… deux avions frappent les tours jumelles.
Du jour au lendemain, il voit sa vie basculée, car, peu importe où il va, il se fait juger ou traiter comme un criminel. C’est à ce moment que le film devient intéressant, car un homme (un Américain en fait) qui vivait une vie d’Américain, avec toutes ces valeurs, se retrouve rejeté par sa nation. Mira Nair pose la vraie question : est-ce que les Américains, avec leur patriotisme, ne sont pas eux-mêmes la cause de toute la haine que certains (voir plusieurs) pays ont contre eux? The Reluctant Fundamentalist nous amène à réfléchir au « pourquoi » de la haine que certains peuples ont contre les États-Unis. En fait, on en vient même à se demander si les États-Unis n’en viennent pas à provoquer cette haine.
Ce film amène aussi un point de vue intéressant sur la notion du « fondamentalisme » (lire extrémisme). On réalise, en regardant ce film, que peu importe la façon de penser, quand on est fondamentaliste, il risque d’en sortir plus de mal que de bien. D’ailleurs, la longue conversation entre Changez et Bobby n’a pour but que de faire réfléchir sur cette grande question du fondamentalisme. Ne sommes-nous pas justement en train d’y réfléchir au Québec? Ce long métrage me fait étrangement penser à la charte des valeurs québécoises. Notre état en est à se déchirer sur la question des symboles religieux. Le débat est toujours centré sur les deux seuls points de vue envisageables. Serait-il possible que les deux visions soient fausses? Peut-être que la réponse est quelque part entre les deux. Les gens pour qui la religion est si importante pourraient faire un effort pour comprendre ce qu’est le domaine public. Puis, ceux qui veulent faire disparaitre la religion à tout prix devraient peut-être réaliser que de s’attaquer directement aux personnes est peut-être injustifié.
Mais bon… Je vous conseille fortement de voir The Reluctant Fundamentalist. C’est peut-être le genre de film qui pourrait aider à recentrer le débat que nous vivons.
Note : 8.5/10
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