Lundi soir dernier avait lieu la première médiatique à Montréal de Lac Mystère (2013) en présence du réalisateur Érik Canuel, des acteurs et de l’équipe technique. L’équipe a travaillé plus de cinq ans au projet du film. Le scénario, écrit par Diane Cailhier, est librement inspiré du roman Mirror Lake (2006) de la Québécoise Andrée A. Michaud. Voulant fuir sa vie, Fred (Maxim Gaudette) loue un chalet au bord du lac Kaionwahere (que le personnage de Philippe traduira comme « le lac des âmes perdues ») pour avoir la paix. Son voisin Philippe (Laurent Lucas) ne lui laisse pas cette joie, le visitant très souvent. Fred fera la rencontre de Kate (Laurence Leboeuf), une danseuse nue, dont l’ex-copain, un lieutenant de police (Benoît Gouin), ne cesse d’harceler. Fred n’est pas au bout de ses peines.
Érik Canuel fait ainsi un retour au cinéma au Québec après avoir travaillé quelques années à la télévision torontoise. Il qualifiait cette comédie noire de « récit assez fantasmagorique ». Plein d’humour, le film se rapproche de Cadavres (2009) du même réalisateur. On entre dans un univers brumeux et énigmatique. Quelques beaux plans de lune ajoutent à l’ambiance de mystère qui plane sur le lac où des disparitions semblent se multiplier. Par ailleurs, Fred trouve dans le chalet un vieux casse-tête qu’il commence à assembler. Au fur et à mesure qu’il avance, le casse-tête évolue également. Le pêcheur du jeu ressemble d’abord étrangement à Philippe regardant au loin. Lorsqu’une figure féminine apparaît sur la berge, le pêcheur regarde alors dans cette direction. Après l’accident de Fred, l’image se transformera à nouveau.
Les personnages sont intéressants et souvent très drôles. Jack (Marc Beaupré), le tenancier du bar de danseuses, est à l’image de Jo Dalton : le plus petit de la bande, mais le plus écouté et respecté. Max (Gildor Roy) est le barman de l’établissement et un fervent défenseur de la race canine. Picard (Sylvain Marcel, que je n’ai reconnu qu’à la fin du film), un bandit en cavale, est brutal et innocent, ce qui le rend imprévisible. Plus énigmatique, Kate incarne la femme fatale, mais nous ne savons pas tout de suite si elle sera bonne pour Fred ou traitresse comme dans les films noirs. Et Fred et Philippe sont excellents, le premier dans sa fureur et le second dans sa naïveté heureuse. Canuel a ainsi réuni une distribution impressionnante, déclarant à la première qu’il avait travaillé avec des « artistes aux talents incroyables ».
Lac Mystère est un film surprenant pour le genre, qui va au-delà du thriller traditionnel.
Note : 8/10
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