Roche Papier Ciseaux est le premier long métrage de Yan Lanouette Turgeon, qu’il a coécrit avec André Gullini. On suit trois histoires. La première, Roche, est celle de Boucane (Samian), un jeune Amérindien qui quitte sa réserve et part sur le pouce pour Montréal. Il rencontre Normand (Roger Léger), un gars pas trop fréquentable, mais sympathique malgré tout. La deuxième, Papier, présente Lorenzo (Remo Girone), un immigrant italien qui vit à Montréal. Il s’occupe de sa femme qui est lourdement hypothéquée. Finalement, le troisième, Ciseaux, est le récit de Vincent (Roy Dupuis), un ancien médecin, qui doit travailler pour des truands, ayant emprunté de l’argent aux mauvais gars… Comme on s’en doute, ces trois histoires se recouperont.
Bien qu’il s’agisse du premier film du réalisateur, la distribution est assez impressionnante. Roy Dupuis, avec son talent et son expérience, peut choisir les films dans lesquels il joue, et il est bon dans ce rôle. Pour le rappeur Samian, c’est une première expérience au cinéma. Le rôle était presque sur mesure, les auteurs ayant pensé à lui pendant la rédaction du scénario. Il avait déjà eu des offres pour le cinéma, mais les rôles ne le rejoignaient pas. Et quoique peu connu ici, Girone est une vedette en Italie. Les acteurs italiens de cet âge étant plutôt rares au Québec, les distributeurs se sont tournés vers la France pour y trouver des Italiens qui parlent français. Petit clin d’œil intéressant : la femme de Lorenzo est aussi la femme de Girone.
Ce film porte sur le changement. Chaque personnage souhaite être ailleurs, pouvoir passer à autre chose. Boucane a quitté son Nord; Lorenzo rêve de pouvoir ramener sa femme en Italie la sachant mourante et souhaitant pouvoir l’enterrer dans son village natal, mais l’argent lui manque; et Vincent aimerait s’affranchir de sa dette et pouvoir se concentrer sur la nouvelle vie qui s’offre à lui en tant que père. On présente un univers de bandits colorés tant par la pègre chinoise que par des trafiquants un peu idiots. Les lieux sont assez stéréotypés : un motel-restaurant qui fait cheap dans lequel travaillent des serveuses qui se veulent sexy, un resto chinois et son sous-sol où se trament des activités illégales.
Chaque histoire a ses caractéristiques propres. Dans Roche, on montre les grands espaces, la nature. On cherche à donner un petit côté western et aventurier au personnage. Papier a des couleurs plus délavées ce qui donne une touche plus chaleureuse. Le cadre y est stable et la musique classique très présente. Et Ciseaux a une image plus froide où le chrome est dominant. On travaille alors avec une caméra à l’épaule.
Roche Papier Ciseaux est un bon divertissement qui, malgré son genre plus hollywoodien, n’est pas trop prévisible. On nous réserve quelques surprises…
Note : 7,5/10
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