Basé sur des faits réels, Eden raconte l’histoire d’Eden (Jamie Chung), une jeune coréenne-américaine qui se fait enlever par un homme qu’elle venait de rencontrer dans un bar de New-Mexico, pour être transformée en esclave sexuel par un groupe de proxénètes. Elle devra s’adapter à son nouveau mode de vie, avant de pouvoir planifier sa fuite.
Eden est ce genre de film au sujet choquant, mais qui ne veut pas choquer. Pourtant, le long métrage commence plutôt bien. Le réalisateur a la bonne idée de faire parler le père d’Eden en coréen, lorsqu’il parle avec sa femme et sa fille. Un beau souci de réalisme. Mais, malheureusement, la suite est moins bien pensée. Une fois capturées, les jeunes filles (âgées entre 12 et 18 ans) sont amenées dans un bunker et gardées dans des cellules, vêtues d’une camisole et une petite culotte blanche. Plutôt crade non? Pas vraiment… On leur offre, en prime, un soutien-gorge agencé, un chaton, un peignoir pour la douche et la liberté de se promener (sur demande). Ah oui, et on leur offre deux douches par jour. En échange de ces choses, les filles doivent coucher avec des hommes, qui payent les proxénètes, pour leurs services. Une seule fois dans le film on entend un des méchants menacer une fille de faire du mal à sa famille si elle n’agit pas « correctement ». Menace qui ne sera pas mise à exécution, même après que la fille ait tenté de fuir et d’alerter quelqu’un. D’ailleurs, les kidnappeurs sont, selon moi bien trop stupides pour faire fonctionner ce genre d’organisation. Ils se seraient fait prendre en peu de temps.
Le film a tout de même quelques bons points. On y montre bien que dans une situation désespérée c’est chacun pour soi. Eden est l’exemple de la gentille fille, mais dans une situation de survie, elle deviendra plus égoïste. Il y a aussi l’image granuleuse qui donne un look des années 1990 au film qui se déroule dans le désert, en 1994. Mais ça s’arrête là!
Pour moi, le principal problème de Eden, c’est que le film est beaucoup trop soft pour le thème qu’il aborde. On nous parle d’une situation où les filles sont maltraitées, mais tout semble rose. Jamais on ne voit une fille se faire battre ou violer. Jamais elles ne semblent en réelle détresse. On nous dit qu’elles doivent performer des actes sexuels, mais jamais on ne voit une scène où une fille doit baiser avec un client. Je m’excuse, mais si on fait un film sur des esclaves sexuels, je dois, soit en apprendre sur ce que c’est que d’être un esclave sexuel, soit comprendre que c’est dégradant et dégueulasse (ou magnifique, si c’est ce qu’en pense le réalisateur). Mais ici c’est juste trop peu. Disons que Megan Griffith, la réalisatrice, n’a pas le courage de son sujet. Elle propose un film prude avec une fin facile, sur un sujet qui devrait en donner beaucoup plus. Dommage!
Note : 5.5/10
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