Je regardais Unité 9 l’autre soir et ça m’a rappelé un film québécois que j’avais vu il y a quelques années. En 2002, alors que le cinéma québécois était en pleine effervescence, Michel Jetté nous présentait Histoire de pen, avec David Boutin. Arrivant dans un pénitencier à sécurité maximum pour y purger une peine de 10 ans, Claude (Emmanuel Auger) entreprend un long cheminement qui le troublera profondément. Histoire de pen nous raconte comment un homme est transformé par le milieu carcéral.
Dans son film, Michel Jetté montre la dure réalité des détenus d’un pénitencier. Comment, lorsqu’un petit nouveau arrive, les anciens se l’approprient. On voit aussi comment se font les échanges : « Tu me rends un service et je te protège… » Lorsque Claude arrive au pen, il apprend rapidement (et à ses dépens) qui sont les boss et qui sont les « suiveux ». Il s’aperçoit aussi que le territoire est divisé entre les groupes de prisonniers et que c’est strictement interdit d’ignorer ces divisions. Sinon des représailles ont lieu. D’ailleurs, ça ne sera pas très long avant que Claude se fasse approcher par un des boss, car il semble avoir du potentiel pour se battre. Zizi lui proposera donc un marché : tu te bats pour moi, et je protège tes arrières.
Claude fera aussi la connaissance de Lucia, un travesti qui deviendra, en quelque sorte, son guide dans ce monde difficile. Il lui expliquera, qu’en prison, « chacun s’occupe comme il peut ». Ce sera lui aussi qui expliquera à Claude comment le marché de la drogue est divisé entre les groupes, et qui fournit quoi. C’est aussi par cette « amitié » que Claude comprendra que, même en prison, la sexualité existe. D’ailleurs, notre personnage principal en viendra à dire qu’il a « l’impression d’avoir été jeté dans un zoo d’obsédés sexuels ». Il y a une scène très intéressante où Lucia commence un strip-tease. Malgré que tous les autres hommes présents dans la pièce à ce moment-là sont hétérosexuels, ils sont tous excités par cet acte.
Histoire de pen nous montre aussi l’inaction des « screws ». Les gardiens n’interviennent presque jamais. Pour qu’ils s’en mêlent, ça prend quelque chose de vraiment grave. Même que, parfois, c’est le directeur de la prison qui demande à un prisonnier de régler le cas d’un autre détenu. C’est Fantôme qui explique à Claude qu’au pen, la game marche par la peur. Si les autres ont peur de toi, ils vont te laisser tranquille.
Au niveau technique, nous avons droit à un film bien dirigé, où la musique est peu présente, mais particulièrement efficace lors qu’elle y est. Jetté nous offre de belles scènes (la scène montée en alternance alors que Claude se bat contre un autre détenu et que Fantôme affronte le comité de libération est particulièrement forte) et une vision de la réalité carcérale où on comprend qu’en dedans, on développe son côté le plus sombre.
Histoire de pen est un film dur, mais qui raconte de façon efficace l’histoire d’un homme jeté au trou et comment il passera de bum à homme dangereux et violent.
Note : 7.5/10
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