Vendredi est arrivé en salles le nouveau film de Moussa Touré, La Pirogue. On y rencontre un groupe d’Africains qui s’embarquent, en partance du Sénégal, dans une pirogue, dans le but d’atteindre l’Espagne. Étant pauvres et n’ayant aucun espoir d’un avenir meilleur, ces hommes s’engagent dans ce dangereux voyage en espérant pouvoir envoyer quelques euros à leurs familles. Pour ce faire, ils feront appel à un de leurs meilleurs capitaines, un fils de pêcheur respecté.
Ce film représente une triste réalité des Sénégalais. Comme l’a dit Moussa Touré, avant la projection du film : « Les hommes partent dans l’espoir de pouvoir donner de l’argent à leur famille ». Car même s’ils en ramassent très peu, ce sera tout de même mieux que ce qu’ils auraient pu accumuler chez eux. Touré explique aussi que « avec deux dollars, ont peut faire vivre une famille », c’est pourquoi ils sont prêts à risquer leur vie. De plus, dans ce pays du nord de l’Afrique, 76% de la population est constituée de jeunes (moins de 35 ans). Les autres partent souvent pour l’Europe dans l’espoir de pouvoir nourrir leur famille en leur envoyant quelques euros. C’est donc cette vision du monde que raconte La Pirogue. Touré y aborde aussi le comportement humain. Ici, pas de super héros, seulement de vrais hommes, avec leurs qualités et leurs défauts. Par exemple, lorsque les voyageurs rencontrent une pirogue dont le moteur a lâché, les passagers veulent aller aider ces pauvres personnes. Ils vont donc sauter à l’eau pour leur porter main-forte. Mais ils se rendent vite compte qu’en les aidant, ils ne pourront pas les sauver, et qu’en plus, eux aussi mourront. Ils doivent donc abandonner et repartir. C’est triste, mais dans certaines circonstances l’égoïsme doit prévaloir. C’est parfois une question de survie du groupe. Ils doivent penser à leurs familles et se rappeler les raisons de ce voyage.
Du point de vue technique, La Pirogue est très bien réussie. Présente, mais pas dérangeante, la musique vient ajouter une note dramatique aux scènes déjà poignantes. Les acteurs sont convaincants et le scénario est bien écrit. Les phrases clés nous touchent directement au cœur et nous amènent parfois à réfléchir. Le film mélange aussi les langues. Comme c’est le cas au Sénégal, les gens voguent du français aux différentes langues nationales (il y en a plusieurs). D’ailleurs, certains personnages jouent les traducteurs tout au long du film, car d’autres passagers ne parlent pas la même langue que les organisateurs du voyage.
Il faut aussi féliciter le réalisateur, car malgré le fait que presque tout le film se passe sur une pirogue, il n’y a pas de longueurs. Réussir à garder un intérêt aussi prenant, sans ajouter de superflu, est très fort. Cela démontre les grandes qualités de réalisateur de Moussa Touré. Nous avons donc un film et un voyage bien raconté.
Voyage qui, pour ces hommes, en est un de l’espoir!
Note : 8.5/10
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