Vendredi dernier est sorti en salles A Royal Affair (En kongelig affære), film danois ayant reçu des éloges du milieu cinématographique international, dont une nomination aux Golden Globes et aux Oscars (meilleur film en langue étrangère), ainsi que plusieurs nominations à Berlin où il a remporté les prix du meilleur acteur et du meilleur scénario. Le film se situe en 1766 lorsque Caroline Mathilde, la fille du Roi George III, arrive au Danemark pour rejoindre son époux, le roi Christian VII. Le désintérêt que Christian porte envers sa reine la mène à s’éloigner et à tomber amoureuse de Johann Friedrich Struensee, le médecin et ami du roi. Ensemble, ils mèneront le pays à une révolution civile, sortant le Danemark d’une période sombre.
Ce film sur trame d’histoire d’amour relate l’histoire du royaume du Danemark qui a vu les complots et la collusion (ça vous rappelle quelque chose?) dominer le siècle des Lumières. Le côté historique reste très fidèle à la réalité. Pour une fois, l’histoire amoureuse n’est pas mise dans un film dans le simple but de vendre des billets, mais parce qu’elle est un fait historique avéré. Nikolaj Arcel réussit à nous livrer un film touchant, sans tomber dans le mélodrame. Il réussit à montrer le caractère de ses personnages sans en faire des héros caricaturés.
Il est vraiment intéressant de voir à quel point le film se colle à l’Histoire. C’est effectivement au 18e siècle que le Danemark est passé d’un pays ultra-conservateur à un pays progressiste. Ces changements amorcés vers la fin des années 1700, ont mené le Danemark vers ce qu’il est aujourd’hui : un pays de politiques socialistes. D’ailleurs, dans A Royal Affair, on fait plusieurs fois référence aux Lumières (surtout Voltaire et Rousseau), car la Reine et le docteur Struensee sont de nature très progressiste (faire payer les riches plutôt que les pauvres, bannir les punitions corporelles, donner plus de droits aux gens du peuple, etc.). Lois qui ont été abandonnées après le départ de la Reine, mais ramenées par Frédérik VI lors de son règne. Depuis, le Danemark n’est pas retourné en arrière et se présente toujours comme un pays d’avant-garde au niveau des politiques socialistes.
Mais revenons au film… Bien que le titre soit A Royal Affair (Une liaison royale, en français), la politique reste au premier plan. Même au lit, les amants continuent de discuter des changements qu’ils pourraient apporter au régime en place. On ne tombe jamais dans la petite histoire d’amour cliché (en comparaison avec Les Misérables (2012) où on abandonne totalement le volet historique pour ajouter une histoire d’amour sans intérêt). D’ailleurs, l’histoire d’amour entre Caroline Mathile et J.F. Struensee est relatée d’un point de vue historique. Elle n’a donc pas été inventée dans le but de vendre des entrées. Quant à l’esthétique, le film nous plonge dans un univers généralement sombre, mais très lumineux par moments. Les costumes sont d’une belle ressemblance avec ceux de l’époque. Un beau travail a été fait à ce niveau. Le tout est soutenu par un scénario fort et une musique discrète et bien placée. La trame musicale a d’ailleurs été nommée à Berlin et aux European Film Awards.
Il semble que Lars Von Trier ne soit pas le seul réalisateur de talent à provenir du Danemark.
Note : 8/10
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