Sorti en salles au Québec vendredi dernier, le film Amour (2012) de Michael Haneke a remporté la Palme d’or à Cannes, est cinq fois nominé aux Oscars et une fois encore aux Golden Globe dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère. Le film montre l’histoire d’amour de Georges (Jean-Louis Trintignant) et d’Anne (Emmanuelle Riva). Après plusieurs décennies de vie commune, leur existence est bouleversée par la maladie. Victime d’un ACV, Anne reste à demi-paralysée. Georges choisit de prendre soin de sa femme à la maison.
Le premier plan du film est pour le moins original. Une foule, dans laquelle se fond le vieux couple, attend le début d’un spectacle. La scène n’est jamais montrée. En fait, le spectateur se trouve sur scène, comme observé par la foule (dans Funny Games U.S. (Haneke, 2007), le spectateur était autrement interpellé quand l’un des personnages s’adressait directement à l’auditoire, lui demandant conseil). Ainsi, c’est par ce concert de piano que nous entrons dans la vie des protagonistes. Anne ayant été professeure de piano, la musique classique occupe une place de choix dans leur vie et dans le film. Une forte émotion passe à travers elle et leur permet de replonger dans leurs souvenirs. Il est aussi intéressant de noter l’absence de musique au générique de fin, ce qui est rare au cinéma, mais d’autant plus marquant dans un film où la celle-ci est si importante.
Nous accompagnons ce couple dans leur quotidien que la maladie vient complètement chambouler. Témoins des faits les plus banals, peu de choses se passent. Les dialogues et les jeux incroyables de Trintignant et de Riva apportent beaucoup au film. Les soins constants qu’il doit porter à sa femme permettent une plus grande ouverture entre les amants qui, dans l’urgence du temps qui passe, partagent de vieux secrets, le plus souvent anodins. Quelques scènes montrent également l’humiliation d’une personne âgée qui doit accepter de se faire laver, changer et nourrir. Film sur l’attente, il tend à l’universalité par les thèmes qu’il aborde : l’amour, la maladie et l’approche de la mort.
Le film est lent, l’image y est naturelle, sans faux semblant. À l’exception de la scène d’ouverture, tout le reste du film est tourné dans l’appartement du couple. Nous investissons leur univers. Les plans, souvent longs, sont parfois statiques, et ce, même si les personnages sortent du champ de la caméra. D’autre fois, quand la fille (Isabelle Huppert) visite ses parents, le réalisateur abandonne la technique champ/contrechamp. La caméra ainsi fixée, ces scènes, où l’enfant apparaît complètement dépassée par la maladie de sa mère et le calme apparent de son père, deviennent particulièrement intenses. Il s’agit là d’une technique intéressante pour ajouter une part de malaise. L’une des scènes qui m’a touchée est d’une grande simplicité : Georges tente de capturer à l’aide d’une couverture un pigeon qui est entré dans son appartement. Les mouvements lents et incertains du vieillard ainsi que sa détermination durant cette scène sont, compte tenu des événements récents, très émouvants.
Il s’agit là d’un hymne à l’amour vrai, à la simplicité, à la fidélité!
Note : 9/10
© 2023 Le petit septième
C’est vraiment un film puissant. Il montre bien la difficulté de vieillir.