On n’est pas contre les hommes, on est pour les femmes.
1971. Delphine (Izïa Higelin), fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial et gagner son indépendance financière. Carole (Cécile de France, qui est sélectionnée aux César 2016 dans la catégorie Meilleure actrice) est parisienne. En couple avec Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole se rencontrent, leur histoire d’amour fait basculer leur vie.
La belle saison de Catherine Corsini prend place dans les années 1970, en France. Les luttes féministes sont de plus en plus importantes, et c’est autour du Mouvement de libération des femmes (MLF) que se construit le film : « Il y avait une vitalité, une insolence dans le mouvement féministe qui m’a séduite. Je ne vois rien aujourd’hui de comparable. J’ai compris que le féminisme mettait l’humain au centre, et ça a été le grand principe de l’écriture du film », confiait la réalisatrice.
Assez tôt dans le film, on assiste à une réunion politique dans un amphithéâtre de la Sorbonne. Un groupe de femmes y est réuni. Le tout apparaît assez chaotique (puisqu’aucune d’entre elles ne dirige le groupe), mais étrangement libérateur. Les opinions s’opposent, on se répond, on ne s’entend pas. Mais c’est par la chanson que ces femmes, différentes mais animées par une même détermination, se rejoignent.
On peut se demander ce que les femmes ont de si effrayant pour qu’elles soient ainsi socialement cloisonnées, empêchées. Et elles ne le sont pas que par des hommes. Les femmes entre elles peuvent être cruelles. La mère de Delphine ne peut envisager que sa fille puisse être homosexuelle. Antoine, un jeune fermier qui convoite Delphine, serait, aux yeux de cette mère, le meilleur (peut-être même le seul) parti pour elle.
On nous montre par ailleurs deux réalités : la vie parisienne et le travail de la terre. Deux mondes qui se confrontent et où les valeurs sont assez différentes. En ville, bien que les esprits ne soient pas forcément très ouverts, on est face à une plus grande diversité d’opinions et de mœurs. Tandis qu’à la campagne, dans le petit village d’où vient Delphine, tout le monde se connaît. Delphine craint que ses préférences sexuelles soient découvertes et qu’on la juge sévèrement. Pourtant, elle ne craint pas les jugements quand elle participe aux différentes actions du MLF à Paris.
Le contraste entre les actions sociales de libération et l’empêchement de vivre sa propre vie, ses propres passions, face à sa famille et face à ceux qui nous l’ont vue grandir est ainsi d’autant plus frappant. Delphine milite pour faire partie du groupe. Elle semble croire en la cause qu’elle défend, mais peine à mettre en pratique ses nouvelles convictions dans sa propre vie.
La question de l’homosexualité est aussi centrale. Elle est principalement abordée d’un point de vue féminin, mais les gais, qu’ils soient hommes ou femmes, souffrent de lourds préjugés. Il est d’ailleurs question d’un jeune homme interné de force par sa famille afin de le guérir de son homosexualité. Et cela ne fait que 40 ans! Le monde actuel a beau se dire plus ouvert d’esprit, on est encore témoins de situations désolantes. On n’a qu’à penser à la question du mariage pour tous qui a soulevé tant de contestations en France il y a environ deux ans.
Pour ceux qui aiment les films sur la libération de la femme, sur la défense de ses droits et l’importance de l’égalité des sexes, La belle saison ne vous décevra pas. Dans la foulée, je vous conseille également de regarder Free the Nipple.
Note : 7,5/10
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