Emma (Mia Wasikowska), une jeune femme mariée à un médecin plutôt terne (Charles, joué par Henry Lloyd-Hughes), cherche désespérément à fuir l’ennui d’une vie monotone en déployant sa séduction et en s’aventurant dans des relations extraconjugales interdites. Elle cultive l’espoir de monter dans l’échelle sociale, mais chaque tentative la rapproche davantage de sa perte.
Madame Bovary est le deuxième long métrage de Sophie Barthes. Il s’inspire du roman du même nom de Flaubert, publié en 1856. L’histoire y est assez fidèle, mais, dans cette adaptation cinématographique, Emma n’aura aucun enfant de son mari. La réalisatrice disait vouloir représenter, à l’image du roman, « this tension between realism and romanticism, between vulgarity and poetry » [cette tension entre réalisme et romantisme, entre vulgarité et poésie]. Et je crois qu’elle a bien réussi.
Le personnage d’Emma Bovary est très riche et complexe. La jeune femme se berce d’illusions. Elle est convaincue qu’une fois mariée, sa vie sera complètement changée. Mais rien ne la satisfait. Son mari n’est pas à la hauteur de ses attentes, pas plus que ses amants (Ezra Miller et Logan Marshall-Green) d’ailleurs. Elle accumule les déceptions et commet nombre d’impairs.
Bien que l’action soit campée au 19e siècle, l’histoire revêt un caractère assez actuel. Emma veut faire la grande vie et achète à crédit une grande quantité d’objets pour la maison et des vêtements. Le marchand qui la pousse à tous ses achats (Rhys Ifans) tire profit de la naïveté de la jeune femme. Mais un jour vient la facture dont elle ne peut s’acquitter... Ce personnage féminin réussit à nous émouvoir, et il est admirablement joué par Mia Wasikowska.
L’esthétique du film, notamment les couleurs et la lumière, de même que les costumes, est intéressante. Les premier et dernier plans m’ont particulièrement touchée. Au début, Madame Bovary marche dans la campagne, en proie à une grande panique que la caméra traduit bien par des mouvements qui imitent la course du personnage. Et dans le dernier plan, les lumières des torches dans la nuit brillent encore un certain temps dans le fondu au noir final.
Un point m’a tout de même dérangée : la question linguistique. Le film se passe en France, mais est tourné en anglais. Jusque-là ça va. Mais ce qui me gêne c’est qu’à deux reprises au début du film, des personnages s’expriment en français : la première fois c’est une religieuse qui s’adresse à un groupe de jeunes filles parmi lesquelles Emma se trouve, dans le couvent où elle fait son éducation; et la seconde, au mariage de Charles et d’Emma, les convives chantent en français. Pourquoi avoir ainsi introduit des passages en français? Je l’ignore.
Madame Bovary est un beau film, qui donne envie de lire ou de relire le célèbre roman de Gustave Flaubert.
Note : 7/10
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