Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Jimmy Picard (Benicio Del Toro), un Indien Blackfoot ayant combattu en France, est admis à l’hôpital militaire de Topeka, au Kansas, un établissement spécialisé dans les maladies du cerveau. Jimmy souffre de nombreux troubles : vertiges, cécité temporaire, perte d’audition… En l’absence de causes physiologiques, le diagnostic qui s’impose est la schizophrénie. La direction de l’hôpital décide toutefois de prendre l’avis d’un ethnologue et psychanalyste français, spécialiste des cultures amérindiennes, Georges Devereux (Mathieu Amalric). Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) est le récit de la rencontre et de l’amitié entre ces deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et qui n’ont apparemment rien en commun.
Sélection officielle au dernier Festival de Cannes, Jimmy P. est un film psychologique dans lequel le dialogue est très important. La majeure partie du film se déroule lors des séances de thérapie entre Jimmy et Georges. Le film montre, avec éloquence, le développement de la relation entre les deux hommes. Une relation qui sera basée sur la création d’un lien de confiance entre les deux sujets provenant de deux mondes totalement différents. L’ethnologue utilisera la psychothérapie pour traiter son patient, ce qui a permis au réalisateur d’inclure quelques références à Freud, dont une scène où Georges met une fausse barbe pour amuser sa maîtresse.
Au début du film, le fait d’avoir pris un acteur portoricain pour jouer un Amérindien me dérangeait. Mais, Del Toro est tellement bon, que mon malaise s’est rapidement transformé en glorification. Quel choix judicieux de la part d’Arnaud Desplechin (le réalisateur). Même chose dans le cas de Mathieu Almaric. Il est lui aussi, simplement, parfait. Par contre, une question me reste en tête. Pourquoi évoquer, dans le film, l’origine louche de Georges, si cela ne mène à rien? On l’évoque, et jamais ça ne refait surface…
En regardant ce film, je n’ai pu m’empêcher de penser à One Flew Over The Cucoo’s Nest (1975) de Milos Forman. Le principe est semblable, surtout au début. J’avais l’impression qu’on avait décidé de faire un film sur le personnage de l’Indien catatonique du film de Forman. Mais, l’histoire de Jimmy s’éloigne rapidement de l’autre personnage. Mais ça m’a tout de même donné envie de revoir ce chef-d’œuvre.
Avec ce long métrage, inspiré d’une histoire vraie et adaptée du livre de Georges Devereux, Psychothérapie d’un Indien des Plaines (1951), Arnaud Desplechin signe une première incursion – très réussie – en Amérique. Jimmy P. prendra l’affiche, au Québec, le 7 février prochain.
Note : 8.5/10
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