À 15 ans, Adèle (Adèle Exarchopoulos) ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. C’est d’ailleurs sous l’insistance de ses amies qu’elle commence à fréquenter Thomas. Mais sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma (Léa Seydoux), une jeune femme aux cheveux bleus étudiant les beaux-arts, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme. Face au regard des autres, Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve…
La Vie d’Adèle chapitres 1 et 2 est librement inspiré de la bd Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. Il a remporté la Palme d’or au dernier Festival de Cannes.
Le nouveau film d’Abdellatif Kechiche est avant tout une histoire d’amour. Une histoire d’amour vraiment bien écrite et bien dirigée. Avec des actrices particulièrement bonnes et efficaces. C’est aussi un film qui risque d’en choquer plusieurs. Il ne faut pas oublier que lorsque ce film a été présenté à Cannes, les débats sur le « mariage pour tous » faisaient rage en France. Le long métrage de Kechiche montre bien l’ignorance de certaines personnes quant à l’homosexualité (concept minimaliste des rapports amoureux).
Mais derrière le débat se cache un film incroyable. Le réalisateur – et de ce fait les deux actrices – nous offre un film cru et vrai. On écarte le beau et le romantique excessif si souvent vus au cinéma pour nous montrer la réalité. Que ce soit du point de vue des difficultés qu’une adolescente peut éprouver lorsqu’elle se cherche ou au niveau des rapports sexuels, tout est fait de façon à montrer la « simple » réalité. D’ailleurs, certaines personnes pourraient être choquées par les longues scènes de sexe entre les deux jeunes femmes. Le fait de tout montrer de façon très réaliste et crue, sans musique, laisse le spectateur avec un sentiment de voyeurisme. À travers ces rapports, nous voyons aussi la grande passion des débuts amoureux, bien comprise par le réalisateur. Est-ce que La Vie d’Adèle est un récit d’amour entre deux lesbiennes? Non. C’est tout simplement une histoire d’amour passionnée entre deux personnes.
Le film aborde aussi les rapports sociaux. Adèle, venant d’une famille plutôt conservatrice, pour qui l’important dans la vie c’est d’avoir un emploi qui amène du pain sur la table, voit ses certitudes ébranlées lorsqu’elle rencontre la famille d’Emma, pour qui l’important est de se cultiver et d’aimer ce qu’on fait, même si ce n’est pas payant.
Que dire de plus sur un film dont on a déjà entendu tant de choses? Sinon que la façon de filmer avec beaucoup de très gros plans amène une proximité et une émotion intense. Que les plans soient flatteurs ou pas (ce qui est souvent le cas), le réalisateur s’approche de ses personnages et nous met dans une position d’intimité avec les deux femmes. Kechiche dit qu’il aime le gros plan, car « il permet de capter des détails qu’on ne capte pas autrement, une expression qu’on ne percevrait pas dans la vie : la perception d’une émotion, d’un sentiment, d’un état. »
Seul petit bémol, il aurait été intéressant d’avoir une meilleure idée du passage du temps. Par moments, il est difficile de discerner à quel point nous avons avancé dans le temps. Pour moi, ça nuit un peu à la compréhension. Mais en bout de ligne, ce n’est rien qui mine la qualité de ce film de 3 heures qui semblent en durer tout au plus 2.
La Vie d’Adèle chapitres 1 et 2 doit être vu. Il traite d’un sujet qui devrait être banal, mais qui, semble-t-il, ne l’est pas encore. Oui, il reste de l’éducation à faire.
Note : 9.5/10
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