Sarah préfère la course, premier long métrage de Chloé Robichaud (aussi réalisatrice de Chef de meute), prendra l’affiche le 7 juin. Sarah (Sophie Desmarais), une jeune coureuse, voit sa vie basculer lorsqu’on lui offre une place dans le meilleur club d’athlétisme universitaire de la province, à Montréal, loin de sa banlieue natale de Québec. Ne bénéficiant pas du soutien financier de sa mère pour se lancer dans l’aventure, Sarah verra Antoine (Jean-Sébastien Courchesne), un copain de travail, lui proposer de partir avec elle. Déterminée, Sarah quitte pour la ville. Les deux jeunes, naïfs, s’épouseront, question de toucher de meilleurs prêts et bourses du gouvernement. Le mariage ne sera pas ce qu’ils espéraient, dans leur naïveté. Sarah, ne se connaissant que très peu, poursuivra la course, car c’est la seule chose dont elle est certaine.
Arrivant de Cannes (sélectionné dans la catégorie « Un certain regard »), c’est à Beloeil que l’équipe de Sarah préfère la course s’est arrêtée pour venir présenter le film en première Nord-américaine. Ce film tient particulièrement à cœur à la jeune réalisatrice de par son personnage féminin hors norme. Effectivement, le personnage de Sarah n’a rien de commun. La jeune femme ne vit que pour la course. Rien d’autre ne compte réellement pour elle. À un tel point que, lorsqu’on lui demande ce qu’elle aime faire, elle est incapable de répondre autre chose que « J’aime la course ». De plus, jamais on ne définit Sarah comme une fille sexy. Par contre, elle renferme une grande naïveté qui rend le personnage intéressant. Comme sa vie a toujours tourné autour de la course, dès qu’un autre sujet se pointe elle perd ses repères.
Sarah préfère la course aborde d’autres thèmes que la course. On y parle d’amour et de sexualité. D’ailleurs, la scène de sexe montre bien la naïveté de Sarah. De plus, le fait qu’il n’y ait aucune musique amène un certain malaise, qui s’ajoute à celui des personnages. On y reconnait assez bien la maladresse des premières fois. Chloé Robichaud aborde aussi la difficulté de partir de chez ses parents. Pour bien des parents, il est particulièrement difficile de laisser partir leurs enfants. Encore plus lorsqu’il est enfant unique.
Je ne peux terminer cette critique sans parler de la façon dont la réalisatrice compose ses plans. Dès le début, elle nous surprend avec une série de plans rapprochés où le focus n’est fait que sur un personnage. L’effet est frappant. On a l’impression d’un état de huit clos. De plus, elle filmera Sarah de dos à plusieurs reprises, ayant ainsi pour effet de faire sentir au spectateur qu’il est bien à l’extérieur de la vie du personnage. C’est intéressant, car souvent, au cinéma, on essaie de faire en sorte que le spectateur s’identifie au personnage principal, alors qu’ici on fait plutôt l’inverse.
Sarah préfère la course est donc un film à voir absolument. Chloé Robichaud se dirige lentement vers la catégorie des meilleurs cinéastes québécois. Le film sera à l’affiche à compter du 7 juin.
Note : 8.5/10
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