« En 1995, Bill Gates prédisait un monde sans papier… »
À l’ère de la révolution virtuelle, une cinéaste voyage de par le monde, entre papier et numérique, pour comprendre l’avenir de la mémoire humaine.
Je suis un grand partisan du format physique. Chez moi, je suis entouré de dizaines de DVD, Blu-ray et de livres dans ma bibliothèque. Cela vient notamment du caractère de collectionneur de ma famille, plus précisément de mon père, mais aussi de ma croyance que la culture est moins consommée avec le format physique plus qu’avec le format numérique. C’est un sujet qui me tient vraiment à cœur, et j’étais très curieux à propos du documentaire Au-delà du papier d’Oana Suteu Khintirian, qui traite du même sujet. J’ai aussi été agréablement surpris par le propos de la réalisatrice.
En effet, si la réalisatrice traite à travers son film de la place du livre et du patrimoine écrit dans cette grande ère du numérique qu’est le 21e siècle, c’est surtout à travers un voyage personnel qui a commencé avec les archives de ses arrières grands-parents et le choix de comment les préserver pour les futures générations. De là, Oana Suteu Khintirian nous fera notamment traverser en Mauritanie, à Bucarest et en Argentine pour en savoir plus sur ce grand dilemme. On découvrira aussi plusieurs personnes et communautés impliquées dans cet enjeu, que ce soit des érudits gardiens d’une ancienne bibliothèque en Afrique, le créateur d’un site d’archives ou des personnes travaillant sur le concept de papier augmenté. Mais surtout, il y a sa famille, que ce soit la génération précédente intimement liée à la bibliothèque ou bien la suivante qui a vécu la démocratisation des outils numériques.
La réalisatrice traite de nombreux sujets dans son film. Même si ce sont des aspects très importants à traiter pour la question de la numérisation des films, il reste que c’est beaucoup de choses à prendre en compte pour le visionnement du film. On vient à être un peu déboussolé face à cette grande quantité d’informations et le sujet principal du film vient à se perdre. Aussi, même si Oana Suteu Khintirian a l’intelligence de présenter à la fois les qualités et les défauts des formats physiques et numériques, il reste que l’accent est surtout mis envers les défauts des versions numériques. C’est certes le sentiment de la réalisatrice, mais je crois que les meilleurs documentaires sont ceux qui sont capables de bien refléter ce que pensent les différents partis mis à l’écran.
Mais, il reste que le résultat final est tout à fait fascinant et important. Si Au-delà du papier parle en effet de la place des livres dans une société qui vise avant tout sur le format numérique, il parle surtout de l’importance de l’héritage. Quand la réalisatrice fait face aux documents de ses ancêtres et de comment les faire survivre pour les futures générations, ou comment de plus en plus de livres se retrouvent à être numérisé pour finir dans cet infiniment vaste univers qu’est Internet, elle fait surtout face à comment notre patrimoine humain tente d’être encore en vie dans le futur. Chaque personne qu’elle a rencontrée tente soit de garder intactes les graines du passé, de faire en sorte qu’elles restent intactes aujourd’hui ou bien de créer de nouvelles choses pour l’avenir. C’est un enjeu qui touche tout le monde, que ce soit avec des livres ou plus généralement avec nos vies. Et ça, Oana Suteu Khintirian l’a parfaitement compris et démontré dans son film.
Donc, même s’il peut être assez confus à certains moments, Au-delà du papier est un documentaire que tout le monde devrait voir, que vous soyez côté livres physiques ou livres numériques.
Au-delà du papier est présenté au FCMS, les 8 et 11 avril 2023. Il sera aussi en salles à partir du 7 avril.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième