« You can’t miss a single day. »
[Vous ne pouvez manqué aucune journée.]
Un couple s’enfuit de leur cauchemar urbain vers la tranquille campagne irlandaise, pour être confronté aux légendes d’êtres mystérieux qui vivent dans l’ancienne forêt en bordure de leur jardin. Ils seront prévenus par leurs voisins des Redcaps, ces créatures folkloriques qui viendront au secours de ceux qui appellent à l’aide, mais qu’il y a toujours un prix à payer. Mais qui est le plus à craindre? Ces créatures folkloriques ou certains membres du village?
Le réalisateur Jon Wright a été inspiré par les contes des Frères Grimm et par son grand-père irlandais pour cette histoire d’horreur, où il pose la question; Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour protéger notre famille.
La violence semble être la réponse à cette question. Dès le début du film, durant leur invasion de domicile, le couple est incapable d’attaquer leurs agresseurs, restant sur la défensive jusqu’à l’arrivée de la police. Suite à cet incident, on observe que le conjoint devient de plus en plus colérique. Il menace, crie et se défoule sur un punchingbag lorsqu’il voit l’incompétence et la rudesse des contracteurs locaux embauchés pour réparer le toit de sa maison. Sa conjointe se tourne vers la conciliation et s’efforce de maintenir le calme et la paix autour d’elle, même à ses dépends.
Ce n’est que dans le troisième acte, vivant encore une fois une nouvelle attaque sur leur maison, que la jeune femme se résoudra à la violence. Sur le point d’accoucher, un fusil braqué sur son ventre, menaçant de tuer l’enfant à naître, elle sera sans merci et n’hésitera pas à prendre les armes pour tuer son assaillant. On pourrait penser que le film se terminerait là, célébrant la naissance de leur premier enfant après avoir enfin parvenu à « défendre » convenablement sa famille. Mais le film nous propose un quatrième acte… qui ne fait que répéter le propos, comme si le réalisateur avait peur qu’on n’ait pas compris le message.
La jeune mère doit cette fois-ci aller secourir son enfant des mains des Redcaps, usant encore une fois de violence en tuant leur roi de ses propres mains. Face à cette agressivité, les créatures la choisiront comme reine, la baptisant dans le sang, de retour à sa maison, entourée par sa famille…
Mais encore? Devra-t-elle vivre isolée avec Redcaps, comme l’ancien roi, pour protéger sa famille? Est-ce qu’elle peut rester vivre avec sa famille? Quelles sont ses obligations en tant que nouvelle reine? Aucune idée, le film ne prend pas la peine de répondre à ces questions et nous laisse confus alors que le générique défile.
Si le quatrième acte d’un film n’apporte rien de nouveau au récit, il vaudrait mieux l’effacer du récit, au lieu de faire une simple répétition.
Si le propos principal du film est l’apogée de la violence, on remarque que plusieurs autres sujets éparpillent le récit dans des scènes intéressantes, mais décousues. On aborde souvent le thème de la tradition avec le personnage de la vieille voisine bienveillante. Dans une belle scène entre le prêtre et le couple, on parle d’avortement avec sensibilité. Dans une autre scène, le conjoint est questionné sur le pedigree de ses origines irlandaises, lui qui vient de Londres et qui représente donc le ressentiment de plusieurs irlandais du sud envers l’Angleterre. Il y a aussi une scène de viol gratuite… Et je tiens à préciser que je n’ai rien contre la représentation d’agressions sexuelles au cinéma. Ce que je trouve lourd, c’est lorsqu’on utilise cela de façon « gratuite », dans le seul but de choquer ou de créer un obstacle au protagoniste, souvent féminin, sans jamais prendre le temps d’aborder les impacts. Je trouve que c’est un cliché qui démontre une paresse scénaristique. Et c’est malheureusement ce que fait le film dans ce cas-ci.
On dirait que le réalisateur et le scénariste ont ouverts plusieurs portes, sans jamais entrer en profondeur dans aucun desdits sujets. Sujets qui auraient pu mettre un peu de chair à cette histoire qui n’effleure que la surface.
Ce qui est d’autant plus dommage, car les acteurs du film donnent tous une solide performance. Le couple principal (interprétés par Hannah John-Kamen et Douglas Booth) jouent à merveille et leur belle complicité fait qu’on s’attache rapidement à ce jeune couple en quête de quiétude pour élever leur future famille.
Malgré les beaux panoramas de la campagne irlandaise et la solide performance des acteurs, ce film ne marquera probablement pas l’esprit des gens.
Bande-annonce
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