Gabriel et la montagne – Rencontrer le monde

« Je voyage comme j’ai toujours rêvé, pas de manière touristique… »

Affiche_GABRIEL ET LA MONTAGNEAvant d’intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann (João Pedro Zappa) décide de partir un an faire le tour du monde. Après dix mois de voyage et d’immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu’à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.

Avec son deuxième long métrage, Gabriel et la montage (Gabriel e a Montanha), Fellipe Barbosa nous offre un road movie en terres africaines, un film en anglais, portugais, swahili, chichewa et français, et un hommage à un copain disparu. Il a aussi été primé à la Semaine de la critique à Cannes.

Un film personnel

Fellipe Barbosa
Fellipe Barbosa

Lorsque questionné sur sa motivation pour faire ce film, le réalisateur explique ceci : « Gabriel était un de mes camarades de classe dans le lycée où mon premier film Casa Grande se passe. Et c’était mon ami. Il a disparu en août 2009. Son histoire est assez connue au Brésil. Je crois que son optimisme, son sourire sur toutes les photos qui ont été retrouvées de lui ont touché les gens. Son appareil photo fut le point de départ de mes recherches. Il a laissé tellement de questions sans réponses ».

C’est donc probablement afin de répondre à toutes ces questions que le Brésilien a choisi de se lancer dans un projet de cette envergure. Et malgré le fait qu’il voulait probablement honorer son compatriote, jamais Barbosa ne tombe dans l’idéalisation du personnage. On voit un Gabriel sympathique et amusant, mais aussi un jeune homme parfois arrogant et jaloux.

Un road movie en Afrique

Gabriel et la montagne - sur la route
Gabriel lors d’un safari

Bien que Gabriel se soit lancé dans un tour du monde, c’est la portion Afrique que l’on voit dans Gabriel et la montagne. C’est pendant une sabbatique de 1 an que Gabriel débute son voyage à Londres pour se retrouver en Afrique, en passant par Paris, Dubaï et plusieurs villes. Le film démarre au huitième mois de son voyage.

Gabriel étudiait les sciences économiques et voulait effectuer des recherches sur la pauvreté en Afrique, alors que la plupart de ses confrères économistes pensaient que c’était une bêtise que d’aller chez les pauvres pour étudier la pauvreté. Il est donc parti à la rencontre et à la découverte du monde. Le vrai monde. Mais c’était aussi une façon de se sentir vivant. D’un côté, il rencontrait les habitants de ces pays et, de l’autre, il gravissait des montagnes. Un geste très symbolique de beauté, de paix et de quête spirituelle. Ironiquement, c’est en cherchant à vivre que Gabriel a trouvé la mort…

Réalité et fiction

Gabriel et la montagne - montagne
Gabriel au sommet

Par moments, Gabriel et la montagne ressemble presque à un documentaire. La façon dont les plans sont tournés, ou la façon dont les paysages sont filmés. D’ailleurs, le réalisateur a opté pour mélanger des acteurs professionnels avec des habitants des pays et des villages que le personnage traverse.

De ce fait, ce sont les vraies personnes que Gabriel (le vrai) a rencontrées lors de son voyage. Le réalisateur explique, en lien avec ça : « j’avais un scénario, des scènes écrites dans lesquelles j’avais condensé beaucoup de choses qui étaient arrivées à Gabriel en 70 jours. Scénario que je demandais aux interprètes d’oublier sur le tournage. Je voulais maintenir un esprit d’improvisation. J’ai vraiment aimé ces personnes. Et la plupart d’entre eux ont aussi aimé Gabriel : ils étaient heureux de revivre les moments qu’ils avaient partagés. » Ce sont donc les vrais Alex Alembe, Lenny Siampala, John Goodluck, Lewis Gadson, etc. que l’on rencontre dans ce film.

Ces rencontres ont d’ailleurs permis à Fellipe Barbosa de dresser un juste portrait d’un jeune homme naïf et arrogant à la fois. On pourrait dire « inconscient ».

Mais encore…

Gabriel et la montagne - la course
Gabriel essaie ses nouvelles chaussures en pneu

Gabriel et la montagne a été tourné sur les vrais lieux de l’histoire. On a donc droit à des plans magnifiques, même si imparfaits. Et ce doit être incroyable que de se retrouver sur le Pic Uhuru, le plus haut du Kilimandjaro, qui culmine à plus de 5800 mètres d’altitude, afin de tourner un plan. Et, qui plus est, les treize membres de l’équipe qui ont participé au tournage de ce plan on tous dû se « taper » dix-huit heures de marche pour tourner ce seul plan. Et malgré qu’il soit recommandé de ne pas rester plus de dix minutes à une telle attitude, l’équipe a dû y rester quarante minutes, le temps de tourner ce seul plan. Après une seule prise, ils ont été obligés de redescendre, les guides leur interdisant de rester plus longtemps.

Avant de terminer, je dois parler du plan-séquence d’ouverture. C’est un magnifique plan dans lequel deux paysans malawiens arpentent un champ en pente avec des arbres et une végétation plutôt dense. Puis, ils s’arrêtent. Ils viennent de trouver le corps inerte de Gabriel. Et tout au long du film, on se demandera : « comment s’est-il retrouvé là? »

Gabriel et la montagne nous montre ce qu’est un citoyen du monde. Peut-être que si plus de gens étaient comme lui, il y aurait moins de violence entre les différentes ethnies ou cultures. Offrez-vous un voyage au cœur du vrai monde…

Note : 8/10

* Le film sera présenté au FNC le 10 octobre 2017.

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