Poulet aux prunes – Une vie sur 8 jours

Poulet aux prunes - afficheLe film français Poulet aux prunes (2011), réalisé par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, est disponible au Québec en DVD depuis février. L’histoire se passe à Téhéran en Iran. Après que son violon ait été détruit, incapable de trouver un autre instrument qui ne l’égale, Nasser Ali (Mathieu Amalric), grand violoniste de renom, décide de mourir. Il réfléchit aux différentes façons de se suicider et choisit de se laisser mourir dans son lit. Commence alors l’attente de sa mort qui durera huit jours durant laquelle on assiste aux moments marquants de sa vie, insistant sur son grand amour perdu.

Le film, par moments accompagné d’une narration, prend des airs de fable. Les émotions y sont souvent exacerbées, très mélodramatiques. On ajoute aussi quelques éléments surnaturels tels qu’Azrael, l’ange de la mort, qui apportent une touche de magie. De rares passages d’animation sont également introduits. Tout entier tourné en studio à Berlin, les décors sont très réussis et l’image est simplement magnifique. On remarque aussi un souci du détail et une volonté de jeu. La fumée de cigarette est très présente et travaillée. À la mort de la mère, on suit cette fumée qui s’échappe comme la vie qui quitte la femme. On apprendra par un personnage d’itinérant-magicien (Jamel Debbouze) que l’âme se cache ainsi dans la fumée. Une belle poésie transparaît de l’ensemble.

Pendant les années d’apprentissage de Nasser Ali, son maître de violon lui fait cette réflexion : « La vie est un souffle. La vie est un soupir. Et c’est de ce soupir que tu dois t’emparer. » Lorsqu’il y parvient enfin il devient un excellent musicien. Il souhaite mourir quand il a l’impression que ce soupir lui a définitivement échappé. Et c’est ce soupir qui emporte le spectateur dans cet univers de rêve où la musique occupe un rôle de premier plan.

L’humour est aussi au rendez-vous. En plus des retours sur le passé du protagoniste, à deux ou trois reprises, on est projeté dans le futur de ses deux enfants. La fille a un tempérament proche de celui de son père, qu’il qualifie lui-même de « morphopsychologique ». Père et fille sont en proie à une grande nostalgique. Le fils, au contraire, très bruyant et bavard, est à l’opposé de Nasser Ali. Installé aux États-Unis, on le campe dans une famille très américanisée et caricaturée. Père de trois enfants, il amène son aînée, obèse évidemment, en proie à de gros maux de ventre, à l’hôpital. On apprendra qu’elle vient d’accoucher d’un enfant, sans savoir qu’elle était enceinte. Cela n’est pas sans rappeler certains faits divers… Comme dira la fille de Nasser Ali en parlant de sa nièce au cours de l’une de ses projections dans l’avenir, il est difficile de détecter un enfant de 4 kilos dans 200 kilos de viande.

Poulet aux prunes est un drame où le rêve, l’humour, la magie et la passion se côtoient. Un film divertissant qui saura vous charmer par la qualité de son rendu visuel.

Note : 8/10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième